Edito
Cher(e) membre,
La SFODF lance une e-newsletter disponible trimestriellement. Cette e-newsletter est destinée à mettre en avant des articles de recherche ou des articles cliniques parus dans la presse française ou étrangère qui pourraient nous interpeller dans nos habitudes, voire dans nos certitudes.
C’est donc avec un grand plaisir que je vous présente E-news SFODF N°1.
Ce numéro 1 est signé par Philippe Amat, Michel Le Gall, Georges Rozencweig et moi-même.
Vous y trouverez quatre commentaires d’articles et leurs résumés. Nous espérons qu’ils aiguilleront votre sagacité, susciteront votre intérêt pour notre e-newsletter et vous inciteront à vous reporter aux articles originaux.
Les articles de recherche nous guident dans nos pratiques, ils valident ou non nos idées empiriquement établies et constituent un socle de certitudes temporaires qui seront elles-mêmes immanquablement remises en question.
Bonne lecture à vous tous !
Olivier Sorel
Président du Conseil d’Administration
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Comité de rédaction
Responsable d'édition
Olivier Sorel
Comité de l'édition
Philippe Amat
Yves Soyer
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Evaluation des effets de l’expansion maxillaire rapide sur les structures dentaires et alvéolaires.
Par Olivier Sorel (CHU Rennes – Hôpital Ponchaillou)
L’intérêt de cet article est l’évaluation des effets de l’expansion maxillaire rapide (EMR) sur les structures radiculaires et alvéolaires. Les auteurs ont utilisé un examen tomographique par faisceau conique (CBCT) i-CAT avant et six mois après traitement chez des enfants en croissance. L’EMR a été réalisée avec quatre protocoles d’activation différents. Les trois premiers groupes diffèrent par la quantité d’activation journalière et le type d’appareil utilisé (Haas-type : 2/4 tr/J, Haas-type : 4/4 tr/J, hyrax-type : 2/4 tr/J) et le quatrième groupe alt-RAMEC hyrax-type alterne une période d’expansion rapide d’une semaine (4/4 tr/J) suivie d’une constriction d’une semaine au même rythme et ceci pendant sept semaines. Pour les trois premiers groupes, l’activation au niveau de la vis a été de 8 mm, pour le groupe alt-RAMEC de 6,4 mm. L’appareil d’expansion a été laissé en place six mois.
Les conclusions de cette étude montrent que les groupes Haas entrainent des résorptions radiculaires plus importantes dans le groupe Haas-type : 4/4 tr/J, sans que cela soit statistiquement significatif. On retrouve une résorption alvéolaire et une perte d’attache significative après EMR plus importante dans le groupe hyrax alt-RAMEC comparé aux autres groupes, mais sans résorption radiculaire.
Cela ne remet pas en cause les effets thérapeutiques bénéfiques mais souligne les effets iatrogènes. Suivant cet article, si vous choisissez un Haas, vous exposez votre patient à la résorption radiculaire et, si vous préférez l’hyrax, vous exposez votre patient à la résorption osseuse ! L’EMR alternant des phases d’expansion et de constriction semble être plus iatrogène, même ce n’est pas statistiquement significatif.
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Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2018 Oct;154(4):504-516.
Cone-beam computed tomography evaluation of bone plate and root length after maxillary expansion using tooth-borne and tooth-tissue-borne banded expanders.
Lemos Rinaldi MR et al.
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Conclusion personnelle : Adaptez votre choix : chez les patients présentant un parodonte fragile, utilisez plutôt le Haas et, pour les patients présentant des signes présomptifs de résorptions radiculaires, l’hyrax.
Sans oublier que toutes les décisions doivent être prises à l’aune du rapport risque/bénéfice.
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___TROUBLES VENTILATOIRES / SOMMEIL_
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Evaluer les risques de troubles ventilatoires du sommeil dans une consultation orthodontique d'enfants.
Par Georges Rozencweig (Grenoble)
Cette étude se donne pour objectif de mesurer la prévalence des troubles ventilatoires du sommeil chez l’enfant, dans une consultation orthodontique. Ces troubles ventilatoires du sommeil regroupent un ensemble de problèmes qui vont du simple ronflement aux hypopnées et aux apnées du sommeil les plus sévères. Si la prévalence des troubles ventilatoires du sommeil a bien été étudiée dans la population générale, elle n’a pas été mesurée dans une population orthodontique. Or nous savons que les troubles ventilatoires participent à l’étiologie de certaines dysmorphies pour lesquelles nos patients nous sont adressés. Il est donc intéressant d’en mesurer la prévalence dans une consultation d’orthodontie de l’enfant.
Les auteurs ont simplement demandé aux parents de 303 enfants âgés de 9 à 17 ans de répondre au questionnaire pédiatrique du sommeil (PSQ). Il s’agit d’un outil d’analyse reconnu et validé (sensitivité 0,85 et spécificité 0,87) qui regroupe 22 questions sur le ronflement, la somnolence et le comportement de l’enfant. Il est souvent utilisé dans la littérature médicale pour mesurer la prévalence des troubles ventilatoires du sommeil dans des populations spécifiques. Un score de 33% de réponses positives place l’enfant dans la catégorie des patients à haut risque de troubles ventilatoires du sommeil. Dans cet échantillon de patients, aucune corrélation n’a été trouvée entre l’âge, le genre ou l’origine ethnique, et le haut risque de troubles ventilatoires du sommeil. La proportion de patients se trouvant dans cette catégorie est de 7,3% (95% d’intervalle de confiance, 4,7%-10,6%).
Conclusion : Le pourcentage de patients à haut risque de troubles ventilatoires du sommeil est d’environ 7% dans une consultation orthodontique d’enfants. Sachant que les enfants de moins de 18 ans constituent 73% des 5,4 millions de patients en traitement aux Etats Unis, les auteurs avancent que 290000 enfants en traitement d’orthodontie présentent un haut risque de troubles ventilatoires du sommeil. Chaque orthodontiste en côtoie 2 à 3 par jour.
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Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2018 Jul;154(1):65-71.
Sleep disordered breathing in children seeking orthodontic care.
Rohra AK Jr et al.
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Conclusion personnelle : Il a été montré que 80% des individus présentant des troubles respiratoires du sommeil restent non-diagnostiqués. Il s’agit pourtant d’un problème de santé publique puisque les effets délétères du déficit de sommeil et des troubles ventilatoires les plus importants comprennent des déficits immunitaires, des maladies cardiovasculaires, des déséquilibres neurologiques et une espérance de vie raccourcie. L’orthodontiste est en première ligne pour alerter les parents de ces patients et de les orienter vers une consultation spécialisée, pédiatrique ou ORL. Comment ? En intégrant le questionnaire pédiatrique du sommeil (PSQ) dans son propre questionnaire médical.
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Étude de suivi du Cone beam de l'os alvéolaire après expansion : est-il au rendez-vous ?
Par Michel Le Gall (Hôpital de la Timone - Marseille)
L’intérêt de cette étude prospective basée sur des cone beam est triple :
- premièrement, évaluer les modifications de l’os alvéolaire maxillaire en épaisseur et en hauteur vestibulaire au cours de l’alignement de l’arcade au moyen d’attaches auto-ligaturantes Damon 3MX ;
- deuxièmement, évaluer les changements de l’arcade dans la dimension transversale et au niveau des inclinaisons vestibulo-linguales (information de 3èmeordre) ;
- enfin identifier les facteurs de risque de perte osseuse.
L’étude a porté sur vingt-deux adolescents âgés de 11 à 17 ans en denture permanente ayant un minimum de 4 mm d’encombrement, traités sans extractions ni meulage interproximal ou mécanique interarcade de classe II.
Les résultats attestent de la diminution de l’épaisseur d’os vestibulaire, associée à une augmentation significative de la hauteur distance crête alvéolaire jonction émail-cément pour les incisives (-13 % // -24 %) et la racine mésiovestibulaire des premièressmolaires (-36 % // -45 %). On note une augmentation de la dimension transversale (+ 4,3 mm) associée à une version corono-vestibulaire des dents. La perte osseuse a été corrélée avec les quantités d’encombrement et d’expansion. Plus mince était l’épaisseur initiale d’os, plus grande a été la migration osseuse apicale au niveau des incisives.
Conclusions :
L’alignement sans extractions avec des attaches auto-ligaturantes a entraîné de l’expansion associée à une version corono-vestibulaire des dents.
Une perte osseuse importante (en termes d’épaisseur et de hauteur) a été observée au niveau des incisives et de la racine mésio-vestibulaire des premières molaires.
L’épaisseur initiale de l’os, la sévérité de l’encombrement et la quantité d'expansion pendant le traitement ont eu un impact significatif sur la réduction de l’épaisseur de l’os vestibulaire.
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Article commenté :
Angle Orthod. 2018 Nov;88(6):748-756.
Evaluation of maxillary alveolar bone before and after orthodontic alignment without extractions : A cone beam computed tomographic study.
Morais JF et al.
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Conclusion personnelle :
Contrairement à ce qui a toujours été affirmé, la dent se déplace aussi au travers de l’os alvéolaire et non systématiquement avec son support osseux.
Plus la corticale vestibulaire est mince et l’encombrement initial important, plus grand est le risque de perte osseuse au niveau de la corticale vestibulaire.
L’expansion basée sur l’utilisation d’attache autoligaturante génère une version des dents. La plus grande des sections de fil utilisé dans l’étude (0.019 x 0.025 inches) engendre un sous-dimensionnement tel que le contrôle en gression ne peut être assuré.
Le biotype parodontal doit systématiquement être évalué en début de traitement, aussi bien au niveau clinique par un sondage précis dans les zones à risque que radiologique par un bilan cone beam ciblé.
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Evaluation des effets de la thérapie laser basse intensité
Par Olivier Sorel (CHU Rennes – Hôpital Ponchaillou)
L’objectif de ce travail est d’évaluer l’influence des thérapies laser de basse intensité sur les tissus parodontaux et leurs répercussions sur le niveau des interleukin-1β (IL-1β) prélevés dans les fluides sulculaires et sur la vitesse du déplacement dentaire mesurée par superposition des occlusogrammes.
Dix patients ayant consulté le Département d’Orthodontie de Dharwad en Inde ont été inclus dans cette étude. Ils présentaient des arcades alignées en biprotrusion. L’indication d’un traitement par extraction des premières prémolaires est décidé. Les canines maxillaires sont reculées sur un arc 0,18 acier avec un ressort nickel-titane exerçant une force de 150 g. Le côté expérimental est tiré au sort ; l’autre côté sert de témoin. La thérapie laser est appliquée au début du recul, puis à quatre et huit semaines après. Le prélèvement du fluide sulculaire est standardisé à T0 avant la rétraction, à T0 + 3 jours et à T0 + 7 jours après la mise en traction sur chaque canine maxillaire puis à T1 à quatre semaines de rétraction et à T2 à huit semaines. Le recul des canines a été mesuré à T0, T1 et T2. Les résultats montrent une augmentation significative des interleukin-1β (IL-1β) suivie d’un recul plus important du côté expérimental (p< 0,001) à chaque étape du recul. A T2, la canine témoin a reculé en moyenne de 2,0250 ±0,5584 mm, alors que la canine expérimentale a reculé de 4,4500 ±0,5749 mm.
Conclusion : La thérapie laser de faible intensité augmente la production des interleukin-1β (IL-1β) et provoque un déplacement deux fois plus important.
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Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2018 Oct;154(4):535-544.
Low-level laser therapy increases interleukin-1β in gingival crevicular fluid and enhances the rate of orthodontic tooth movement
Varella AM et al.
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Conclusion personnelle : Les résultats de cette étude sérieuse, conduite sur des patients et, bien que l’échantillon étudié soit faible, montrent une efficacité probante de l’accélération du déplacement dentaire. L’aspect moins invasif et la facilité de mise en œuvre devraient nous inciter à tester cliniquement cette méthode.
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Accélération au banc d'essai clinique évaluée avec une méthodologie robuste
Par Philippe Amat (Le Mans)
Le but de cet essai en deux groupes parallèles était d’évaluer l’effet de l’appareil AcceleDent Aura (OrthoAccel Technologies, Houston, Texas) sur la vitesse de fermeture des espaces d’extraction. Quarante adolescents en classe II, traités par un seul praticien avec des dispositifs multi-attaches complets avec extractions de prémolaires maxillaires, ont été inclus dans cet essai clinique randomisé.
La randomisation a été méthodologiquement correctement réalisée, par blocs de dix patients, assignés aux groupes traités avec ou sans l’appareil AcceleDent Aura. L’opérateur et l’évaluateur des résultats ont été laissés aveugles quant au plan expérimental, ce qui n’a pas été possible pour les patients. Les espaces ont été mesurés, sur moulages, parallèlement au plan occlusal à partir des pointes de cuspides des dents mésiales et distales aux espaces d’extraction. Aucune différence cliniquement (0,05 mm par mois ; intervalle de confiance à 95 % ; – 0.24, 0.34) ou statistiquement significative (p = 0.74) n’a été mise en évidence pour la vitesse de fermeture des espaces d’extraction.
Les auteurs concluent que l’appareil AcceleDent Aura n’a eu aucun effet sur la vitesse de fermeture des espaces d’extraction des prémolaires maxillaires, quelle que soit l’observance des patients.
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Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2018 Jan;153(1):8-14.
Assessment of the rate of premolar extraction space closure in the maxillary arch with the AcceleDent Aura appliance vs no appliance in adolescents : A single-blind randomized clinical trial.
Miles P et al.
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Conclusion personnelle : Ce nouvel essai clinique randomisé en simple insu, méthodologiquement robuste, confirme l’absence d’effet clinique de l’appareil AcceleDent Aura, déjà mis en évidence lors de deux précédents essais cliniques[1],[2]. L’accélération du mouvement dentaire au moyen d’OrthoAccel Technologies n’a été montrée positive que dans des études de moindre[3]ou faible qualité méthodologique, mais n’a pas passé le cap d’études robustes.
[1]Woodhouse NR, DiBiase AT, Johnson N, Slipper C, Grant J, Alsaleh M, et al.Supplemental vibrational force during orthodontic alignment: a randomized trial. J Dent Res 2015;94:682-689.
[2]Miles P, Fisher E. Assessment of the changes in arch perimeter and irregularity in the mandibular arch during initial alignment with the AcceleDent Aura appliance vs no appliance in adolescents: a single-blind randomized clinical trial. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2016;150:928-936.
[3]Pavlin D, Anthony R, Raj V, Gakunga PT. Cyclic loading (vibration) accelerates tooth movement in orthodontic patients: a double-blind, randomized controlled trial. Semin Orthod 2015;21:187-194.
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