Voir cet email dans votre navigateur

Edito

 
Très chers membres de la SFODF, la première e-newsletter du mois de décembre a rencontré un succès très motivant pour nos équipes, et je vous en remercie.
Cela renforce notre conviction que la lecture d’articles scientifiques permet d’accompagner notre activité clinique vers un futur toujours plus riche et plus abouti. Cette nouvelle lettre est donc une fenêtre ouverte sur un avenir clinique qui se dessine jour après jour.
Bonne lecture et n’oubliez pas que ce n’est qu’une invitation à poursuivre...


 
« Les esprits sont comme les parachutes : ils ne fonctionnent que quand ils sont ouverts ! » comme Pierre Planché aimait à le répéter.
 
Olivier Sorel
Président du Conseil d’Administration  
Comité de rédaction

Responsable d'édition
Olivier Sorel

Comité de l'édition
Philippe Amat
Yves Soyer
ARTICLES SCIENTIFIQUES 
___TROUBLES VENTILATOIRES DU SOMMEIL_ 
Effets dentaires et squelettiques à long terme des orthèses d’avancée mandibulaire, utilisées pour le traitement de l’apnée obstructive du sommeil chez l’adulte.
Par Claire Pernier (Lyon)
 
L’apnée obstructive du sommeil, avec épisodes de somnolence diurne, est une affection fréquente puisqu’elle touche 5,9% des femmes et 12,5% des hommes après 40 ans, selon une étude américaine, publiée en 2016, dans le Lancet. 
Les orthèses d’avancée mandibulaire, en augmentant les dimensions du pharynx, en stabilisant l’os hyoïde et le palais mou, en étirant les muscles de la langue et en empêchant la rotation postérieure mandibulaire, constituent un moyen de traitement efficace de cette pathologie, souvent utilisé en première intention.
Elles ne sont cependant pas exemptes d’effets secondaires. A court terme, des douleurs articulaires, musculaires, des irritations gingivales et une salivation excessive peuvent apparaître. A plus long terme, ce sont des modifications dentaires et squelettiques qui sont à redouter, et ce, d’autant plus que ces dispositifs doivent être portés toutes les nuits, pendant de nombreux mois voire années, du fait du caractère très invalidant et des conséquences potentiellement graves de cette maladie.
Les auteurs de cet article ont donc réalisé une étude systématique, avec méta-régression, afin d’identifier les modifications dentaires et squelettiques, induites par les orthèses d’avancée mandibulaire et afin d’évaluer l’influence du temps sur leur apparition.
Ils ont ainsi réuni 21 études (essais contrôlés randomisés ou études de cohortes), pour lesquelles le suivi du patient s’étendait de 2 à 11 ans. Les résultats ont montré une diminution du surplomb et du recouvrement, une linguoversion des incisives maxillaires, une vestibuloversion des incisives mandibulaires, une augmentation de l’ANB et de la hauteur faciale antérieure. Ces modifications squelettiques semblent secondaires aux modifications dentaires.
La durée du traitement influence l’ensemble de ces paramètres puisqu’entre 2 ans et 11 ans de port, la diminution du surplomb passe de 0,2 à 2mm et celle du recouvrement de 0,6 à 2, 3mm. De même, entre 2 ans et 7 ans de port, l’incisive maxillaire se linguoverse de 1,4 à 3,1° et l’incisive mandibulaire se vestibuloverse de 1,3 à 6,6°. Enfin, après 7 ans de port d’une orthèse d’avancée mandibulaire, l’ANB et la hauteur faciale antérieure augmentent respectivement de 0,5° et 1,8mm. 
Article commenté :
Eur J Orthod. 2019 Jan 23;41(1):89-100.
Dental and skeletal long-term side effects of mandibular advancement devices in obstructive sleep apnea patients: a systematic review with meta-regression analysis.  
Bartolucci ML et al.
Conclusion personnelle : Les modifications dentaires et squelettiques observées, après le port prolongé des orthèses d’avancée mandibulaire, sont bien identifiées et statistiquement significatives. Elles augmentent avec le temps, mais elles restent limitées en intensité. Il convient cependant d’en informer le patient et d’assurer une surveillance régulière tout au long du traitement.
 
Lire l'abstract
S'inscrire
___MÉCANIQUE ORTHODONTIQUE_
Rétraction antérieure et contrôle de l'ancrage : une comparaison entre la rétraction en masse et la rétraction biphasique.
Par Anaïs Soukovatoff (Albi)
 
Les objectifs de cette étude prospective sont doubles :
  • Evaluer et comparer la perte d’ancrage postérieure des molaires après rétraction du secteur antérieur, lors de la fermeture d’espace.
  • Evaluer et comparer l’inclinaison des incisives et des molaires, après rétraction du secteur antérieur.
Cette étude randomisée a été réalisée à l’Université de Sao-Paulo sur 48 patients adultes, âgés de 18 à 34 ans en denture définitive. Cet essai clinique regroupe des patients présentant un schéma squelettique de Classe I associé à une biprotrusion et un encombrement incisif modéré, inférieur à 4 mm. Le plan de traitement prévoyait l’extraction des 4 premières prémolaires. Les sujets ont été répartis de façon aléatoire en 2 groupes distincts. Le premier groupe a été traité avec une thérapeutique de rétraction en masse, le deuxième a été traité avec une rétraction en deux phases (rétraction canine dans un premier temps, puis rétraction des incisives). Les mêmes attaches, fils orthodontiques et ressorts en NiTi ont été utilisés pour chaque patient. Afin de pouvoir comparer les deux techniques, deux céphalométries (une latérale et l’autre oblique) ont été réalisées pour chaque patient, au début du traitement et à la fin. Elles ont été numérisées et superposées afin de comparer et de quantifier les déplacements dentaires dans les plans horizontal et vertical.
Les résultats montrent, après étude des tracés céphalométriques, que chaque technique est comparable, sans différence significative. Lors de la fermeture d’espace, elles aboutissent aux mêmes déplacements dentaires d’un côté ou de l’autre de l’arcade, antérieurement ou postérieurement à elle, et elles provoquent la même quantité de perte d’ancrage molaire postérieure. 
Article commenté :
Angle Orthod. 2019 Mar;89(2):190-199.
Comparison of anterior retraction and anchorage control between en masse retraction and two-step retraction : A randomized prospective clinical trial. 
Patricia Pigato Schneider et al.
 
Conclusion personnelle : La majorité des orthodontistes pensent qu’une thérapeutique de rétraction en masse du secteur antérieur favorise la perte d’ancrage molaire. La plupart des praticiens utilisent alors une thérapeutique séquentielle : reculer les canines, puis dans un second temps le secteur incisif afin de maîtriser la mécanique d’ancrage.
Il apparaît de façon claire que la technique en masse est séduisante. Car elle permet de diminuer le temps des traitements d'adultes avec des objectifs mécaniques similaires à un traitement biphasique.
Il serait intéressant d’élargir cette étude à un groupe de patients plus jeunes et en croissance afin de pouvoir déterminer si les résultats sont similaires.
Lire l'abstract
___ALIGNEURS_ 
Évaluation des finitions des traitements par aligneurs 
Par Elie Kikano (Paris 14ème)
 
Le but de cette étude est de déterminer la précision des mouvements dentaires obtenue avec les traitements par aligneurs (Invisalign). L’étude a porté sur un échantillon de 20 cas d’adultes en Classe I dentaire ayant nécessité une série complémentaire d’aligneurs de finition.
Le logiciel Slicer (CMF) d’analyse d’images en 3 dimensions a été utilisé pour comparer les modèles virtuels du Clin Check avec les modèles virtuels de fin de traitement.
Les mesures ont concerné les mouvements dans les trois dimensions de l’espace et la rotation axiale sur 398 dents.
Les résultats montrent que les déplacements dans le plan horizontal des incisives respectent très précisément les objectifs (0.20-0.25 mm).
Les mouvements verticaux, notamment l’ingression des incisives maxillaires, se sont avérés plus aléatoires avec une différence médiane de 1.5 mm significative (P <0.001).
La rotation en fin de traitement est toujours significativement insuffisante. Le manque de contrôle est plus marqué sur les canines maxillaires avec 3.05° de différence statistiquement significative (P <0.001).

Conclusion : Les mouvements les moins précis obtenus avec les aligneurs sont l’ingression des incisives et la correction des rotations des canines. 
Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2018 July;154;47-54..
Accuracy of clear aligners : A retrospective study of patients who needed refinement
Orfeas Charalampakis et al.

 
Conclusion personnelle : L’étude a porté sur un échantillon de cas de petite taille avec une seule marque d’aligneurs prise en compte. La sévérité des malpositions initiales, le temps de traitement et l’utilisation de taquets sont mal précisés dans l’étude. Ces deux derniers paramètres pourraient modifier la qualité des résultats en laissant le temps à l’ingression de s’exprimer pleinement ou aux taquets d’aider au contrôle des rotations. Il serait aussi intéressant de connaître le degré de sur-correction programmé dans ce type de technique, et s’il n’y en a pas, de le prévoir.
Lire l'abstract
___DIMENSIONS CORONAIRES_
Intérêt et incidence de l'évaluation des dimensions coronaires ou des agénésies : une analyse par quadrant
Par Jacques Faure (Auch)
 
Les études quantifiées sur les tailles des dents, outre leur intérêt morphogénique ou épidémiologique, visent à apporter des références dimensionnelles sur lesquelles asseoir l’harmonisation thérapeutique de la denture (Indice de Bolton antérieur ou global).
Les auteurs de cet article s’intéressent aux dysmorphies/absences des incisives maxillaires retrouvées dans un échantillon de 8 635 patients hospitaliers, et classées en trois groupes : BMLI (bilateral missing), UMLI (unilateral missing) ; peg-shaped BPLI (bilateral dysmorphosis).
Ils comparent les tailles de toutes les dents, dans chaque groupe, ainsi que les sommes, globales ou au sein du même quadrant. 
 
Pour les atteintes bilatérales des incisives latérales (BMLI et BPLI), les autres dents sont individuellement diminuées, d’une manière décroissante des incisives aux molaires, les incisives centrales maxillaires étant les plus affectées.
Le déficit de taille par rapport au groupe de référence est marqué chez le groupe BPLI puis, par ordre d’importance décroissante, chez les groupes BMLI et UMLI.  
Pour une absence unilatérale (UMLI), la diminution de taille des dents n’est pas significativement liée à la dysmorphie, à cause de la variabilité extrême des situations cliniques.
Mais si l’on réalise une analyse par quadrants, pour une seule incisive latérale manquante ou dysmorphique, la diminution dentaire dimensionnelle devient significative : par comparaison avec le quadrant ayant son incisive latérale normale, les tailles dentaires sont diminuées.
 
Ainsi, les dysmorphies et les manques des incisives latérales maxillaires sont liés significativement à des déficits de taille des autres dents, les déficits individuels comme les déficits cumulés, globaux ou d’hémi-arcades. Les auteurs soulignent l’intérêt de l’examen attentif controlatéral et d’une analyse au niveau du quadrant pour ces cas.
Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2018 Dec;154(6):820-828. 
New perspective for evaluation of tooth in patients with missing or peg-shaped maxillary lateral incisors : Quadrant analysis
Erdal Bozkaya et al.
Conclusion personnelle : A cette harmonisation des tailles par quadrant, il faudrait encore ajouter les indices classiques d’harmonisation haut/bas antérieurs et globaux (comme les indices de Bolton) mais calculés sur chaque hémi-arcade, ceci pour déterminer les choix thérapeutiques des diminutions ou des augmentations de taille.
 
Lire l'abstract
___ANCRAGE_ 
Injection d'ostéoprotégérines encapsulées à des fins d'ancrage dentaire
Par Olivier Sorel (CHU Rennes - Hôpital Ponchaillou)
 
Le déplacement dentaire provoqué met en jeu des phénomènes de résorption osseuse du côté en pression par l’intermédiaire de médiateurs biologiques. Ces médiateurs peuvent-il bloquer le mouvement des dents et servir d’ancrage ?
Afin de répondre à cette question, les auteurs ont injecté des ostéoprotégérines (OPG) encapsulées dans des microsphères polymères (ou non encapsulées) à des « rodent model » de mouvement dentaire. Ils ont injecté dans la muqueuse palatine, en mésial des molaires, des capsules polymères vides (A), des capsules polymères remplies de 1mg/kg d’OPG (B), 1mg/kg d’OPG non encapsulées (C) et m5g/kg d’OPG non encapsulées (D) la veille du début du mouvement orthodontique, puis tous les trois jours le temps de l’expérimentation (28 jours).

Résultats : L’injection des capsules polymères remplies de 1mg/kg d’OPG provoque une inhibition du mouvement des molaires sans bloquer le mouvement des incisives. Les groupes A et C n’ont pas d’effets significatifs et le groupe D inhibe tout mouvement dentaire. Les animaux n’ayant pas reçu d’OPG montrent un nombre d’ostéoclastes supérieurs à ceux qui n’en ont pas reçu. 

Conclusion : Les capsules polymères remplies de 1mg/kg d’OPG relarguent des OPG qui, localement, bloque tout mouvement. 
 
Article commenté :
Eur J Orthod. 2019 Jan 23;41(1):1-8. 
Microsphere controlled drug delivery for local control of tooth movement.
Inna Sydorak et al.
Conclusion personnelle : Un nouveau type d’ancrage, biologique, pointe à l’horizon pour révolutionner notre arsenal thérapeutique, réalisant ainsi la prédiction d’un vieil ami, le Dr Cernetz.
Lire l'abstract
LinkedIn
Twitter
Facebook
Website
Copyright © 2018 Société Française d'Orthopédie Dento-Faciale, All rights reserved.


Want to change how you receive these emails?
You can update your preferences or unsubscribe from this list.