Edito
La quatrième e-Newsletter est en ligne.
Chers sociétaires,
Nous
vous remercions de l'intérêt et du temps que vous consacrerez à la
lecture de cette nouvelle E-newsletter ayant pour objectif de
porter à votre connaissance des travaux de recherche publiés dans des
revues étrangères.
La recherche, qui peut sembler loin de la clinique quotidienne, est
indispensable à l'évolution de notre spécialité, c'est dans cet esprit
que nous vous proposons cette E-newsletter.
Comme vous le savez, la SFODF prête en effet beaucoup d'intérêt à la recherche.
D'une part, elle offre une bourse d'étude de 20 000€ qui est attribuée
par l'intermédiaire du Comité d'Interface INSERM. Cette initiative a
déjà porté ses fruits avec la nomination récente de deux enseignants qui
ont pu bénéficier de cette aide afin de poursuivre leurs travaux.
D'autre part, le Comité de rédaction de l'Orthodontie Française, notre
publication, réfléchit à publier une version consacrée uniquement à la
recherche afin d'être un relais utile.
Bonne lecture à tous !
Olivier Sorel
Président du Conseil d’Administration
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Comité de rédaction
Directeur de la publication
Olivier Sorel
Responsables de l'édition
Karine Sifany
Alexandra Schaller
Comité de rédaction
Philippe Amat
Guy Bounoure
Olivier Sorel
Yves Soyer
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___DIAGNOSTIC DES ANOMALIES RARES_
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Éléments de morphologie : terminologie usuelle pour les dents et les troubles dentaires d'origine génétique.
De La Dure‐Molla M, Fournier BP, Manzanares MC, Acevedo AC, Hennekam RC, et al.
Le
but de cette étude est d’établir une nomenclature des anomalies
oro-faciales, facilement utilisable par les praticiens, qu’ils soient
spécialistes de la sphère orale ou non. Les anomalies dentaires sont
fréquentes dans un grand nombre de maladies génétiques et leur
sémiologie permet fréquemment de poser le diagnostic.
Issu des Centres de Compétences « Tête et Cou », un groupe
d’experts multidisciplinaires a travaillé sur les anomalies rares de la
face incluant les atteintes dentaires, afin de proposer une approche
nosologique des troubles dentaires d’origine génétique.
La terminologie existante des anomalies dentaires, répertoriant 408
affections différentes, a été analysée en obtenant les données de
plusieurs bases de données, nomenclatures et ontologies. Les données
recueillies ont été formatées conformément à la série Elements of Morphology (Allanson, et al., 2009).
Les critères d'inclusion d'un trouble étaient les suivants : 1) La
présence d'anomalies dentaires, 2) Leur publication dans une revue à
comité de lecture, dans un ou plusieurs des trois manuels spécialisés
et/ou dans OMIM et/ou dans la base de données Orphanet et 3) Leur
présence dans une base génétique moléculaire éprouvée ou constituant des
entités cliniques acceptées sur le plan international.
Le résultat de cette étude est un classement des troubles dentaires en
huit groupes : agénésie dentaire, dents surnuméraires, taille et/ou
forme des dents, émail, dentine, éruption dentaire, anomalies
parodontales et gingivales, et tumeurs.
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Par Olivier Sorel
(CHU Rennes - Hôpital Ponchaillou)
Article commenté :
Am J Med Genet Part A. 2019;179A:1913-1981
Elements of morphology: Standard terminology for the teeth and classifying genetic dental disorders
Muriel de La Dure-Molla, et al.
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Conclusion personnelle :
En associant la nosologie des troubles dentaires génétiquement
déterminés, cet article, avec ses descriptions cliniques, est une
contribution majeure dans le diagnostic différentiel des maladies rares.
Utile au praticien qui est souvent dérouté, il est surtout d’un grand
secours pour les soins des patients.
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Comparaison
des mouvements prévus et obtenus de la première molaire et des
incisives maxillaires dans le cas de traitement par extractions de
prémolaires en technique Invisalign®
De Fan-Fan Dai, Tian-Min Xu, Guang Shu
L’intérêt
de cette étude rétrospective réside dans l’évaluation des mouvements
réellement obtenus lors des déplacements dentaires pour des traitements
orthodontiques avec extractions de prémolaires à l’aide de gouttières
relevant du protocole G6 d’Invisalign® permettant d’avoir des attaches optimisées au niveau molaire et canin.
L’étude a porté sur 30 adultes (4 hommes, 26 femmes d’un âge moyen de
19,4 ans) en denture permanente traités avec extractions de premières
prémolaires maxillaires.
L’évaluation est réalisée par superposition de modèles scannés ou d’empreintes numériques en prenant comme référence les rugae, le plan d’occlusion et certains points dentaires.
Les résultats montrent :
- dans la région molaire :
- une version mésiale de celle-ci, alors que le ClinCheck® prévoyait le contraire (+ 5,86° ± 3,51) ;
- un mouvement mésial (2,26 mm ± 1,58) non prévu initialement ;
- ainsi qu’un mouvement d’ingression (0,61mm ± 0,89) non envisagé.
- dans la région incisive :
- par suite de la perte d’ancrage molaire, la quantité de rétraction incisive est moindre qu’espérée (2,12 mm)
- de plus, elle s’accompagne d’un mouvement de palatoversion plus important que prévu (5,16° ± 5,92)
- ainsi que d’une légère égression (0,50 mm ± 1,17), non envisagée.
Conclusions
Dans le cas de traitement par extractions de prémolaires en technique Invisalign®,
le contrôle de l’ancrage molaire, ainsi que la quantité de rétraction
incisive n’ont pas été obtenus comme pouvait le prévoir le ClinCheck®.
De nombreux facteurs tels que l’âge, le type d’attache, l’encombrement
initial expliquent les différences entre les éléments prévus et ceux
obtenus. Des auxiliaires d’ancrage, des attaches au dessin étudié, ainsi
que la surcorrection seraient des moyens pour obtenir le résultat
souhaité.
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Par Michel Le Gall
(Hôpital de la Timone - Marseille)
Article commenté :
Angle Orthod 2019;89(5):679-687
Comparison of achieved and predicted tooth movement of maxillary
first molars and central incisors: First premolar extraction treatment
with Invisalign
Fan-Fan Dai, Tian-Min Xu, Guang Shu
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Conclusion personnelle :
Contrairement
à ce que le matraquage médiatique scientifique veut bien nous faire
croire, l’ancrage reste l’ancrage. Cette lapalissade atteste bien du
fait que la mécanique orthodontique doit être systématiquement pensée et
repensée.
Un modèle informatique reste une évaluation de ce vers quoi on aimerait
tendre et non pas ce que l’on va obtenir. Nous ne parlons pas d’un
simple alignement, mais d’un contrôle dimensionnel de la dent qui, à
notre humble avis, ne peut être obtenu que par des traitements hybrides,
c’est-à-dire par la mise en place de mini-vis, de bagues, de tout moyen
nécessaire au parfait contrôle de la dent.
Enfin, le meilleur moyen de reculer une dent en gression reste l’attache
et le fil, sous couvert d’un minimum de sous-dimensionnement.
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Evaluation
de la force des muscles respiratoires et du débit d’air avant et après
expansion rapide maxillaire associée à des mini-vis
Storto CJ, Garcez AS, Suzuki H, Cusmanich KG, Elkenawy I, Moon W, Suzuki SS
L’objectif
de cet article est d’évaluer les effets de l’expansion maxillaire
rapide associée aux mini-vis (MARPE) sur les muscles respiratoires, le
débit respiratoire buccal et nasal, ainsi que sur les structures
osseuses maxillaires.
Vingt patients en denture adulte ayant consulté le département de
spécialité orthodontique à Sao Leopoldo au Brésil ont été inclus dans
cette étude. Tous les patients présentaient une déficience squelettique
transversale maxillaire, une denture adulte complète et une respiration
buccale prédominante avec ou sans obstruction nasale. Les auteurs ont
utilisé un dispositif d’expansion relié à deux bagues placées sur les
premières molaires supérieures et à quatre mini-vis de 1,8 mm de largeur
sur 11 mm de longueur, placés au niveau de la voute palatine.
L’activation a débuté dès la mise en place de l’appareil à une fréquence
de deux × 0,25 mm/jour jusqu’à achèvement de l’expansion. Pour évaluer
son efficacité, plusieurs tests ont été réalisés à TO avant l’expansion,
à T1 immédiatement après la fin de l’expansion et à T2 au moment du
retrait de l’appareil, soit cinq mois plus tard.
Les tests sont au nombre de cinq. Les tests « MIP » et
« MEP » représentent la pression inspiratoire et expiratoire
maximale. Ce test permet d’évaluer la force musculaire développée. Deux
autres mesures évaluent le flux expiratoire nasal et buccal. Le flux
buccal est évalué en fonction de l’obstruction nasale. Les patients sont
donc répartis en deux groupes distincts, patients avec ou sans
obstruction. Le dernier consiste en la réalisation d’un examen
radiologique CBCT, permettant de mesurer la largeur de l’arcade
maxillaire, le volume des voies aérifères supérieures (nasopharynx), la
largeur de la cavité nasale, l’os alvéolaire, les espaces
inter-dentaires, ainsi que l’inclinaison des molaires et des
prémolaires.
Les résultats montrent une augmentation significative de tous ces tests.
La pression inspiratoire augmente de 20 % entre T0 et T2. La
respiration nasale augmente de 30,45 % entre TO et T1 et ce résultat se
maintient entre T0 et T2. En ce qui concerne le flux buccal, il existe
une amélioration significative qui est plus élevée dans le groupe où il y
avait une obstruction nasale au départ. Pour la partie CBCT, le volume
du nasopharynx, la largeur des cavités nasales, l’ouverture de la suture
médio-palatine, la distance médio-dentaire et la largeur de l’os
alvéolaire montrent une augmentation significative de tous ces
résultats.
Les conclusions de cette étude conduite sur un faible échantillon
montrent néanmoins que l’expansion rapide associée aux mini-vis donne
des résultats positifs annoncés dans de précédentes études, en ce qui
concerne l’expansion propre du maxillaire. Il est essentiel de connaître
les bénéfices de l’augmentation du volume des voies aérifères, ainsi
que les effets sur la largeur de la cavité nasale qui entraînent une
amélioration des fonctions respiratoires et donc, une meilleure
respiration nasale.
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Par Anais Soukovatoff
(Albi)
Article commenté :
Angle orthod 2019;89(5);713-720.
Assessment of respiratory muscle strenght and airflow before and after microimplant-assisted rapid palatal expansion.
Camilla Juliana Storto, et al.
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Conclusion personnelle :
L’expansion
maxillaire rapide appuyée sur des mini-vis (MARPE) semble être une
alternative intéressante à l’expansion rapide associée à la chirurgie
(SARPE). Il serait intéressant de comparer les effets bénéfiques de ces
deux thérapeutiques et de les confronter afin de déterminer si la MARPE,
disjonction à l’aide d’un disjoncteur sur mini-vis, est de nos jours
une thérapeutique alternative à la chirurgie de disjonction SARPE quand
elle est indiquée, qui permettrait d’éviter une intervention
chirurgicale.
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___Diagnostic radiologique / canines incluses en ectopie palatine_
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Les
radiographies panoramiques sont-elles suffisantes pour rendre compte de
l’angulation et de la localisation des canines incluses au
palais ?
Björksved M, Magnuson A, Bazargani SM, Lindsten R, Bazargani F
L’extraction
des canines temporaires et éventuellement des premières molaires
temporaires est admise comme le traitement interceptif de choix dans les
cas d’inclusion palatine des canines maxillaires définitives. Le
diagnostic de l’inclusion est fondé sur l’examen endobuccal et la
palpation, la radiographie panoramique et éventuellement l’imagerie
volumétrique à faisceau conique (CBCT). Avec les travaux d’Ericson et
Kurol, des critères prédictifs ont été définis sur la radiographie
panoramique comme le secteur d’inclusion, la proximité de la dent avec
le plan d’occlusion et l’angle de l’axe de la dent avec l’axe médian. Or
les images panoramiques présentent des variations de grossissement, des
distorsions et sont sensibles au positionnement du sujet. Cette étude
se fixe pour objectif de comparer des radiographies panoramiques et des
radiographies 3D CBCT pour évaluer la fiabilité de l’évaluation de
l’angulation et de la localisation sectorielle des canines incluses en
ectopie palatine. C’est une étude prospective sur 58 sujets présentant
64 canines incluses au palais. Les résultats montrent que la
radiographie panoramique aggrave systématiquement l’angulation des
canines (7° en moyenne) et la sectorisation de la canine qui apparaît
plus proche du milieu. Néanmoins, ces différences ont un impact clinique
plutôt modeste.
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Par Georges Rozencweig
(Grenoble)
Article commenté :
Am J Orthod Dentofacial Orthop 2019;155(3):380-387.
Are panoramic radiographs good enough to render correct angle and sector position in palatally displaced canines ?
Björksved M, et al.
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Conclusion personnelle :
Il
est évident que l’examen 3D CBCT présente l’avantage de pouvoir évaluer
avec précision la localisation de la dent incluse et sa proximité avec
les dents voisines. Cette évaluation est importante pour l’exposition
chirurgicale et pour anticiper le vecteur de traction. Néanmoins, une
simple radiographie panoramique peut s’avérer suffisante pour décider
d’une interception par l’extraction de dents temporaires.
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