Project Description
L’évaluation du profil esthétique en orthodontie
Généralités sur l’esthétique d’un visage
Il ne nous semble plus indispensable de démontrer que l’esthétique tient une place prépondérante dans notre société actuelle. PHILIPPE explique, en effet, que « l’enfant laid est perçu plus asocial, plus désagréable, plus malhonnête, pour un délit égal à celui d’un bel enfant. Sa personnalité déviante est considérée comme chronique au point qu’un acte agressif est pris comme un simple épisode, si l’enfant est beau ». ACKERMAN confirme ce point de vue en avançant que « les gens attirants réussissent mieux : à l’école, ils sont mieux aidés que les autres. Ils reçoivent de meilleures notes et sont moins punis. Au travail, ils sont mieux payés, ont de meilleurs postes et des promotions plus rapides ; ils sont considérés comme plus intéressants, plus honnêtes, plus vertueux et plus favorisés par la réussite ». Comme on peut donc le lire, notre apparence physique a une influence non négligeable sur le jugement de celui qui nous observe.
L’esthétique du profil
Dans ce contexte, l’apparence du profil va jouer un rôle des plus importants. En effet, le profil observé déclenchera souvent un réflexe d’impression générale et un jugement instinctif : on affublera l’individu d’un qualificatif en faisant référence à des clichés. N’avons-nous pas tous qualifié de « sorcière », un visage « fermé » avec un menton saillant ? N’avons-nous pas tous qualifié de « benêt » un visage affichant des dents supérieures qui « sortent » des lèvres ? Autant de situations qui nous font porter un jugement bien trop ingrat ! Mais le fait est là.
Et c’est bien souvent le motif de la première consultation. La famille de nos jeunes patients, ou les patients eux-mêmes, ont décidé de « faire quelque chose », car « on ne peut pas le laisser comme ça ».
Le profil se décompose en plusieurs éléments : les lèvres, le nez et le menton. Et l’on comprendra alors que selon l’importance du nez, le profil pourra prendre un tout autre aspect : un nez fort donnera l’impression que les lèvres sont en retrait, un petit nez donnera l’impression que les lèvres sont proéminentes. Le traitement orthodontique en sera totalement différent dans chacun de ces cas (voir Le traitement de l’enfant et Le traitement de l’adulte) . De la même manière, selon l’importance du menton, le profil pourra aussi prendre un aspect différent : un menton saillant donnera l’impression que les lèvres sont en retrait, et un menton fuyant donnera l’impression que les lèvres sont en avant. On perçoit donc déjà les difficultés de conception du plan de traitement pour le spécialiste en orthodontie …. Il va falloir, en effet, élaborer un projet thérapeutique qui inclut ces données pour se rapprocher autant que possible de l’équilibre esthétique. Car la position des lèvres est l’expression des dents et des mâchoires qui se situent juste en arrière d’elles. Toute modification de place des dents et des mâchoires de l’avant vers l’arrière (ou inversement) aura pour conséquence de modifier l’aspect des lèvres dans le profil, et donc du profil en lui-même.
L’équilibre esthétique du profil : les analyses
De nombreux auteurs célèbres ont décrit plusieurs analyses, usant d’angles, de lignes et de plans de référence. Les valeurs récoltées sont alors comparées à des valeurs moyennes de tableaux de référence. Bien que nous ne soyons pas forcément adeptes de ces valeurs « normatives », nous restons attachés aux méthodes qui associent dans un gestaltisme incontournable l’ensemble des éléments du profil. Ce procédé permet d’avoir une impression d’ensemble du profil, mettant en éveil toute notre fibre artistique et sensible.
Ainsi, en matérialisant un plan imaginaire qui soit tangent au nez et au menton, RICKETTS apprécie grâce à sa ligne E (E pour esthétique), la situation des lèvres, et donc du profil observé. C’est la méthode la plus simple à mettre en œuvre : un simple crayon que l’on applique contre le nez et le menton du patient convient parfaitement. Les résultats de son étude ont permis de déterminer que le profil idéal situe la lèvre inférieure à 2 mm en arrière du plan, avec une variabilité de 2 mm : la lèvre inférieure peut donc se situer dans un intervalle de 4 mm en arrière du plan, à la tangente au plan. La lèvre supérieure étant située un peu plus en arrière (Fig. 1).